
Nightscape
Un premier plan sympa, le ciel étoilé, un appareil photo numérique et un bon pied pour l’y installer.
C'est tout ce qu’il faut en théorie pour réaliser des images qui sortent des sentiers battus.
Voilà le principe de ces photos de paysages nocturnes nommées
NIGHTSCAPE
En raison de la rotation de la terre et si l’on veut éviter d’avoir de beaux filets d’étoiles, mieux vaut oublier des temps de poses trop important sur un support fixe.
L’idéal est de faire des prises de vues de 20 secondes à 800 iso avec un objectif grand champ tel qu’un 14 ou un 18 mm.
Dans le cas de l’utilisation d’un support motorisé assurant le suivi, le problème est inverse.
On ne parlera plus du problème des filets d’étoiles mais le paysage sera totalement flou car le support se déplace pour contrebalancer la rotation terrestre.
Malgré tout, les montures vouées à ce genre de photos telles que la Star Aventurer de Skywatcher, la Star Tracker de Vixen ou encore la monture équatoriale de chez Astro Trac offrent la possibilité d’utiliser une vitesse de suivie ½ fois inférieure à la vitesse de suivie sidérale.
Ce système permet de doubler le temps des prises de vues par rapport à un support fixe. Même si ça reste un bon compromis, le premier plan va donner une légère sensation de bouger et les étoiles ne seront pas très présentes.
Il reste donc une autre possibilité.
Cette dernière consiste à réaliser la photo du premier plan en support fixe sans se soucier des filets d’étoiles puis, une seconde photo du ciel au dessus du sujet avec un suivi sidéral et un temps de pause de 500 secondes minimum.
Il ne reste plus qu’à retravailler les deux images résultantes avec « Photoshop » et de faire un montage en collant le premier plan après l’avoir détourer sur la seconde photo.
On obtient du coup, un premier plan net et une superbe vision de la Voie Lactée qui s’étend au dessus.
Je suis certain que beaucoup se révolteront contre cette méthode qui reste un « montage », un « effet », très éloigné de la réalité.
Pas d’effet pour celle-ci. Un temps de pause d’une seconde, la Lune, un orage approchant et les lampadaires de la ville de Villefranche de Rouergue.
Ruines de Châteauneuf-Villevieille (06)
Dans le cas de cette photo, j’ai utilisé les ruines du château de la petite ville de Châteauneuf-Villevieille (à une trentaine de kilomètres au nord de Nice) comme premier plan pour mettre en valeur la constellation de la grande ourse.
En affichant l’image dans sa taille originale, on découvre le couple Alcor et Mizar et juste en dessous une trainée lumineuse. Ce phénomène n’est pas dû au passage d’un OVNI ou une étoile filante, c’est un flash d’Iridium qui s’est invité, donnant du même coup un caractère sympa à la photo. Ce phénomène astronomique est occasionné par la réflexion du soleil sur les surfaces réfléchissantes des satellites du réseau d’Iridium.
Le Dolmen de Tiergues et Orion
Le département de l'Aveyron est l'un des plus riche en terme de pierre plantée et la région de Saint Affrique compte un très grand nombre de Dolmen. Celui de Tiergues est, à mon goût, l'un des plus beaux.
C'est au mois de décembre 2016, alors que la constellation d'Orion règne dans le ciel , que cette photos à été réalisée lors d'une nuit sans Lune.
Pour ce faire, j'ai installé mon APN non défiltré sur la monture Star Aventurer et j'ai lancé une prise de 5 minutes à 800 iso au format RAW.
Afin de révéler le dolmen en premier plan sans avoir un effet de bougé sur ce dernier, je l'ai éclairé avec ma frontale durant une dizaine de seconde.
Il n'y a pas eu de traitement particulier pour cette image par la suite.
Je regrette de ne pas avoir eu une rotule à ce moment la. Celle-ci aurait compensé l'inclinaison de la monture équatoriale. Au final, une fois la photo mise "droite", on se retrouve avec une inclinaison pas très naturelle.
Ruines à Châteauneuf-Villevieille (06)
Un cliché des ruines de Châteauneuf à 30 minutes en voiture au nord de Nice.
Même mode opératoire que pour la précédente afin d'avoir un premier plan net et des étoiles bien révélées au dessus.
Filets d'étoiles
Mon premier essai de filets d'étoiles en Janvier 2017.
La technique du filets d'étoiles est assez simple.
On place l'appareil sur un pied fixe avec un objectif grand angle et lumineux, on branche une télécommande programmable et on lance une série de 100 à 130 poses de 30 secondes.
Pour cette photo, j'ai utilisé mon APN non défiltré avec un objectif de 14mm ouvert à 2,8. J'ai programmé un intervallomètre sur 120 poses de 30 secondes. Les photos se succèdent et les étoiles, du fait de la rotation de la Terre, seront à un endroit différent sur chaque photo. En combinant toutes ces images dans le logiciel (gratuit) StarMax, on obtient ce très bel effet.
Le Nightscape revêt, pour moi, un intérêt particulier.
Mon domaine professionnel étant la culture, le patrimoine et le tourisme et plus spécialement sur la zone du sud Aveyron, il est naturel que je m'intéresse aux objets du patrimoine local comme sujet pour mes nightscapes. Par l’intermédiaire de ces photos nocturnes, je tente de donner une vision nouvelle et une approche originale à ce patrimoine.
Depuis le début de l’année 2017, aidé par des membres de ma famille impliqués dans la sauvegarde du patrimoine du sud Aveyron, je sillonne de nuit les routes de mon « Païs » en quête de sites qui me permettront de réaliser des paysages. Je souhaite qu'ils seront représentatifs de la richesse du sud Aveyron ainsi que de la qualité du ciel encore préservée.
Les photos qui vont suivre, ont toutes le même mode opératoire.
J’utilise mon boitier non défiltré Canon 550D avec un objectif très lumineux Samyang de 14mm ouvert à 4 ou 5,6 afin d’éviter des déformations d’images (coma)présentent si on ouvre à 2,6. L’appareil est en manuel (BULB), il est relié à une télécommande filaire évitant toute vibration lors du déclenchement et la prise de vue s’effectue au format RAW.
Pour la sensibilité, cela peut varier entre 400, 800 voire 1600 ISO, tout dépendra du résultat de la première prise de vue.
Le tout est installé sur un trépied pour la stabilité. Il n’est pas intéressant, dans ce type de photo, d’utiliser une monture équatoriale, d’autant que le premier plan est éclairé naturellement. Cela provoquerait des « bougés » du premier plan.
Du même coup, le temps de pose n’est pas infini au risque de créer des filets d’étoiles en lieux et place de points lumineux bien précis. Pour avoir une idée du temps qui nous est imparti, j’applique la formule empirique donné par Patrick Lécureuil dans son livre « Photographier le ciel de jour comme de nuit » :
30 : F (la focale de l’objectif en CM)
Dans mon cas 30 : 1,4 = 21,4
Cette valeur de base, je l’adapte au résultat obtenu sur ma photo test. Au final, mes temps de pose varient entre 30 et 40 secondes.
Avec ces temps, la photo plein format donne des étoiles qui ne sont plus des points précis. Malgré tout, les photos de Nightscape se regardent dans un ensemble et mettent en valeur un premier plan avec des étoiles. Ce sont des photos que l’on diminue forcément pour profiter de la totalité de la scène. Le petit « bougé » des étoiles passera donc inaperçu.
Le dolmen de Crassous
Les dolmens européens ont été construits entre 4500 et 1500 avant notre ère.
Ces monuments mégalithiques auraient servi de monuments funéraires pour abriter des sépultures collectives. Ils étaient constitués d’une ou plusieurs dalles de couverture, appelées tables, posées sur des pierres verticales. L’ensemble était complété par une dalle de chevet installée au fond du dolmen. Le tout était recouvert par un amas de terre et de pierre que l'on appelle tumulus.
Le dolmen de Crassous est situé à proximité de celui de Tiergues (voir au dessus) à quelques kilomètres au nord de Saint-Affrique.
La Lune était très présente la nuit où la photo a été réalisé. C'est la raison pour laquelle le ciel est très clair et les étoiles ainsi que la Voie Lactée peu présentes dans le ciel.
La photo est une prise unique de 30 secondes à 800 ISO en format JPG avec un Canon 550D muni d'un 14mm, installé sur un trépied. En raison du format JPG, il n'y a pas eu de réel traitement sur l'image.
Le cimetière de la Chapelle Saint Martin de Boussac
Allez ! Je sais ce que vous pensez :
- "Qu’elle drôle d’idée de photographier un cimetière, d’autant plus en pleine nuit… (Brrrr)".
Pourtant, je trouve que l’agencement de cette vue est très intéressante, ce vieux mur, l’arbre au dessus de la grille guidant le regard du spectateur vers les étoiles, tout un symbole… auquel je n’avais absolument pas pensé au moment de faire la photo.
J’ai profité d’un quartier de Lune pour réaliser cette vue en ce dernier jours de juillet 2017. Elle éclaire le sujet mais donne cette couleur étrange au ciel et fait un peu disparaitre les étoiles.
C’est comme toujours mon 550D monté avec un objectif 14mm ouvert à 5,6 qui a été utilisé. Pour cette image, et en raison de la clarté Sélène, le temps de pose est de 30 secondes mais à 400 ISO. L’image est au format JPG, je n’ai pas eu la possibilité de la retoucher.
La chapelle Saint Martin de Boussac
Juste à côté du cimetière se trouve la chapelle Saint Martin de Boussac, elle date du Xème siècle. Elle était la chapelle des habitants de Boussac mais une église a été construite au XIXème dans le village afin d’y accueillir la totalité des fidèles.
Par la suite, une association a été créée autour de la sauvegarde de la chapelle afin de la restaurer et de l’entretenir.
La particularité de la chapelle Saint Martin réside surtout dans sa localisation qui offre une vue sur un paysage à 360° et a son vitrail représentant Saint Martin.
Les trois clichés ont été réalisé le même soir que celui du Dolmen de Crassous et que du cimetière. La Lune éclairait fortement la chapelle et faisait disparaitre les étoiles. La luminosité rouge que l'on perçoit sur les vues provient des lampes de signalisation des éoliennes installées dans le secteur.
Pas de changement quant au matériel et à la façon d'opérer.
L’histoire du sud-Aveyron et plus particulièrement du Larzac est indissociable de l’histoire des deux grands ordres militaires et religieux du Moyen-Age : Les Templiers et les Hospitaliers.
Au XIIème siècle, la plus grande partie du sud-Aveyron dépend du compté de Toulouse et roi d’Aragon. Ce serait d’ailleurs Raymond Berenger, Roi d’Aragon, qui aurait fait don d’une large partie du Larzac à l’ordre des Templiers. Ces derniers s’emploieront à bâtir des commanderies, villages et forteresses afin de faire croitre leur domaine.
A force, d'achats, de ventes, les Templiers parviendront à devenir les principaux propriétaires du Larzac et y développeront l'habitat et l'agriculture.
Suite à la chute de l’ordre Templier fomenté par Philippe le Bel, la totalité de leurs biens ont été redistribué à l’ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. Avec la Guerre de cent ans, ils réaliseront des fortifications autour des villages du Larzac afin de protéger population et récoltes.
On retrouve les traces architecturales de leur passage dans de nombreux lieux, tel que Sainte Eulalie de Cernon (ou du Larzac), la Couvertoirade, La Cavalerie, Saint Jean d’Alcas, Saint Félix de Sorgues, le Viala du Pas de Jaux… et bien d'autres.
Sainte Eulalie de Cernon
http://www.sainte-eulalie.info/
C’est ici que va commencer l’histoire de l’ordre du Temple sur le Larzac. C’est en 1153 que l’Abbé de Saint Gilhem le Désert donne l’église de Sainte Eulalie. En 1159, Raymond Bérenger ira plus loin en donnant la totalité du village ainsi que la partie du Larzac qu’il possède aux Templiers.
Ce très beau village médiéval offre de très belles découvertes pour les touristes. Personnellement, je suis un inconditionnel de sa place ombragée avec sa fontaine centrale.
Il est aisé de comprendre que je ne pouvais pas éclairer le sujet avec une petit lampe frontale, il me fallait un coup de main extérieur. Dans les tous premiers jours du mois d’août 2017, la Lune était quasi pleine dans ce ciel d’été. J’ai pris soin de trouver un emplacement, sur la colline faisant face à Sainte Eulalie, me permettant d’avoir la Lune dans le dos et le village en face. La Lune étant au stade supérieur du quartier sans être pleine, elle éclairait suffisamment sans faire disparaitre les étoiles. Mon seul souci a été de gérer les lumières municipales afin de ne pas surexposer le premier plan, tout en faisant apparaitre les étoiles. Hormis sa dimension, la photo n’a pas été retouchée car j’ai effectué (involontairement) la prise de vu en JPG.
Boitier : Canon 550D
Objectif : Samyang 14mm ouvert à 5,6
Iso : 400
Temps de pose : 30 secondes
Format : JPG
La tour du Viala du Pas de Jaux
Situé à proximité de Tournemire et de Sainte Eulalie de Cernon sur le Larzac, le Viala-du-Pas-de-Jaux fut acquis par le Temple en 1150, peu de temps après la commanderie de Sainte Eulalie de Cernon à qui, le Viala, était rattaché. C'était alors un domaine agricole important, au milieu duquel se trouvait un ensemble d'habitations et de défenses.
Sainte Eulalie de Cernon étant trop éloignée, les habitants du village obtiennent le droit, vers 1430, d'ériger une tour à côté d’une grange et du logis des Chevaliers Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem (existant depuis le XIVème siècle) afin de se protéger des pillards, des guerres et stocker les récoltes.
La tour a été restauré, elle est constituée de cinq étages, un chemin de ronde avec mâchicoulis et on peut accéder au toit par un accès extérieur.
Pour les photos de la tour, je voulais faire ressortir la Voie Lactée idéalement installée au dessus du bâtiment. Le problème est que ce dernier est éclairé par les lumières municipales, il fallait donc composer avec elles. Cela impose un temps limité de prise de vue et un gros du travail de traitement par ordinateur, d’où l’importance de prendre les photos en RAW.
Canon 550D
Objectif Samyang 14mm
Ouvert à 5,6
800 ISO
30 secondes
Format RAW
Pour obtenir cette image, j’ai fait deux traitements différents avec « Photoshop ».
Le premier pour le bâtiment médiéval au premier plan : J’ai changé légèrement la « température » de la photo, fait une correction de l’objectif dans la déformation, aberration chromatique ainsi que pour le vignetage. J’ai rajouté un peu de clarté ainsi que du contraste et… c’est tout.
Le second traitement a visé le ciel : J’ai commencé par la « lumière d’appoint » que j’ai poussé à 50/100, « l’exposition » est passée de 0 à 1,75. J’ai augmenté le « Noir », ainsi que la « récupération ». J’ai poussé la « Luminance » à 80 et travaillé sur les courbes des tons et teintes claires et foncées.
Une fois la même photo en double avec un traitement totalement différent, j’ai superposé les deux versions et j’ai utilisé « l’outil tampon de duplication » pour faire ressortir le ciel maximisé.
Boitier Canon 550D
Objectif Samyang 14mm
Ouvert à 5,6
Temps de pose 40 secondes
800 ISO
RAW
Ces photos datent du 13 août 2017, le lendemain du pic de l’activité des Perséides. Cette nuit du 13 août, a été un festival d’étoiles filantes. Il est normal d’en voir plus d’une apparaitre sur un même cliché. Même façon de procéder que pour la photo précédente. Deux versions de la même photo avec un traitement différent qui ont été mixé.
Boitier Canon 550D
Objectif Samyang 14mm
Ouvert à 5,6
Temps de pose 40 secondes
800 ISO
RAW
Pour ces deux photos du bâtiment médiéval, j’ai préféré un traitement naturel plutôt que le rendu spectaculaire, c’est vrai, mais poussé à l’extrême des deux précédentes. Ma recherche était de retranscrire la perception que pouvait avoir notre œil.
A ce propos, nos yeux sont de formidables instruments. Aucun appareil photo numérique ne peut rivaliser avec la réactivité de nos yeux et leur adaptabilité. En une fraction de seconde, nous sommes capables de discerner des choses qu’un APN mettra plusieurs secondes à révéler.
Voici une expérience très révélatrice et facile à réaliser.
Il suffit de braquer un appareil photo numérique vers la voie lactée, avec une pose d’une seconde à 800 ISO avec un objectif ouvert à 2,6. Alors que notre œil va de suite discerner le voile de notre galaxie et sa multitude de point lumineux, l’APN ne fera apparaître qu'une ou deux étoiles les plus brillantes sur la zone photographiée.
Pour ces deux images, malgré le temps de pose habituel de 40 secondes, j’ai été obligé d’augmenter au traitement la lumière d’appoint ainsi que le temps d’exposition pour rendre approximativement ce que nos yeux perçoivent instantanément.
Boitier Canon 550D
Objectif Samyang 14mm
Ouvert à 5,6
Temps de pose 40 secondes
800 ISO
RAW
Saint Félix de Sorgues
Saint Félix de Sorgues... Ah, Saint Félix !
Quasiment 30 ans que je partage mes temps Aveyronnais entre Saint-Affrique et Saint Félix. Ce n'est pas seulement l'amour d'une belle Saint Félixienne que j'y ai trouvé, ce sont aussi de nombreux amis que je prends plaisir à retrouver chaque premier week-end du mois d'août lors de la fête du village. Je ne vais pas m'étendre sur ces soirées votives (ou sur les lendemains douloureux), là n'est pas le propos de ce site...
Il en sera de même avec l'histoire du village, je préfère vous renvoyer vers les pages de l'excellent site web de mon ami Arnaud Bosc.
http://saint-felix.pagesperso-orange.fr/Histoire/home.htm
Malgré tout, pour le visiteur de cette page qui ne serait pas Aveyronnais, je pourrais dire que de nos jours, on a du mal à croire que Saint Félix était le chef-lieu d’une importante commanderie des Hospitaliers de Saint Jean. Fondée vers 1150, elle possédait des dépendances dans tous le Saint-Affricain. On ne trouve que peu de traces architecturales de ce temps passé, pourtant l'histoire de Saint Félix de Sorgues est passionnante.
Je souhaitais vraiment faire des photos du village sous les étoiles, cela relevait pourtant du défi tant Saint Félix est éclairé la nuit. On ne peut pas dire que la politique communale aille dans le sens d’une quelconque limitation de la pollution lumineuse. Je peste bien assez souvent contre le lampadaire installé juste en face chez mes beaux-parents qui occulte quasi totalement le scintillement des étoiles.
- Monsieur le Maire, s’il était possible de m’installer un petit interrupteur… ?
Pour réaliser ces images, je n’avais pas 36 solutions, je devais faire deux prises de vues pour les compiler par la suite.
La première devait privilégier le village en limitant la surexposition des zones très lumineuses. J’ai réalisé plusieurs prises de vues, au format RAW, en partant de 400 ISO et 40 secondes de pose et en diminuant les valeurs tant que la l’image n'était pas conforme à mes attentes.
J’ai obtenue le bon réglage à 200 ISO et 20 secondes de pose en RAW.
Je voudrais faire une petite parenthèse :
Le numérique a considérablement fait évoluer notre pratique de la photographie et de l’astrophotographie, tous ces essais n’auraient pas été pensable avec un argentique. Il faut malgré tout garder à l’esprit qu’il y a 25 voire 20 ans le numérique était à des prix inabordables et la majorité des astro-photographes amateurs travaillaient avec des pellicules dans leur appareil photo.
CHAPEAU !
Pour clôturer cette parenthèse quelques dates:
le premier APN date de 1975 il n’est jamais sorti du laboratoire Kodak,
le premier APN commercialisé, l’a été par Kodak en 1990,
Canon attendra 2002 pour lancer son premier APN l’EOS 1-DS.
La seconde vue devait privilégier le ciel, j’ai repris mes réglages habituels (800ISO, ouverture 5,6, 30 secondes de pose en RAW) sans me soucier de la lumière des lampes de Saint Félix de Sorgues.
Au traitement, sur la photo du village, je suis intervenu sur la courbes des tons et teintes clairs que j’ai diminué afin de limité encore un peu plus la luminosité des lampadaires. J’ai fait l’inverse sur la vue réalisée pour le ciel.
J’ai augmenté de 0,50 l’exposition, la clarté de 80 et la lumière d’appoint de 40. J’ai aussi travaillé sur les courbes des tons et teintes clairs et foncés. Une fois les étoiles bien brillantes, j’ai retouché la teinte du ciel qui n’était plus assez noire à mon goût et ne reflétait pas la réalité. Le dernier stade a été de superposer les deux images et faire ressortir chaque élément en harmonisant les couleurs et la luminosité.
Le "Pont Vieux" de Saint Félix de Sorgues
Dominant un beau vallon baigné par la Sorgues, Saint Félix, à la période médiévale, était aussi établi à proximité de sources économique abondantes. L’élevage du côté du Causse et le bois issu des terres des alentours permirent aux tanneries, tisserands, drapiers, filatures de laine, moulins ou scieries et verreries d’y prospérer.
La construction du « Pont vieux » de Saint Félix, certainement motivé par un commerce florissant et les rapports que le village entretenait avec l’extérieur, daterait du XIIIème siècle, il est composé de trois arches et construit à partir du tuf calcaire de la région.
Je vous renvoie encore au site d’Arnaud pour plus d’informations.
D’un point de vue plus photographique, cela faisait deux ans que je souhaitais immortaliser le vieux pont sous les étoiles. La météo et d’autres priorités astrophotographiques m’en avaient éloigné, je ne voulais pas passer à côté pendant l’été 2017. Malgré tout, la météo jouait encore avec moi alors que la Lune était dans son premier quartier, parfaite pour les prises de vues.
Dans la soirée du 2 août, une éclaircie a montré le bout de son nez après plusieurs nuits de couverture nuageuse. Même si la Lune était quasi pleine, je me suis précipité sur mon matériel et vers le pont. Je n’ai même pas eu le temps de me mettre en place que de nouveaux nuages commençaient à s’installer. Ils cachaient la Lune en même temps qu’elle les éclairait. Au final, cela donnait aux photos un aspect original et sympa qui m’a poussé à faire quelques images.
Pour la prise de vue, toujours le même procédé, seule la Lune venait changer la donne.
Pour les photos des arches du pont, la luminosité de la Lune m’a permis de baisser le temps de pose à 30 secondes pour 800 iso. Pour la photo en format paysage du chemin de randonnée passant sur le pont, j’ai utilisé le même réglage. J’ai placé mon appareil face à la Lune et des nuages qui venaient vers moi, le temps de pose de 30 secondes rend leur mouvement visible sur la photo.
La couleur bleutée du ciel, sur ces images, peut être assez troublante. En effet, lorsque l’on réalise des photos avec une pose longue du ciel de nuit avec la Lune qui l’illumine, le ciel va se ressortir bleu. Il reste noir lorsque la Lune est absente.
Deux jours plus tard, après être allé faire quelques photos de Sainte Eulalie de Cernon, la nuit était suffisamment avancée pour que la Lune soit cachée derrière la colline qui domine Saint Félix du côté sud. Même si le ciel était fortement éclairé, la luminosité directe de la Lune était absente et surtout aucun nuage ne venait voiler le ciel. Un arrêt s’imposait avant d’aller se coucher.
Pour toutes les photos du Pont Vieux, je n’ai pas eu recours à un gros travail de traitement. Je me suis borné à retoucher les déformations dues à l’utilisation d’un grand angle de 14 mm. J’ai aussi rajouté un filtre de couleur verte à 30% sur la végétation dont la couleur était modifiée par la luminosité de la Lune et le temps de pose.
Lorsqu’on se balade sur le causse du Larzac, on ne tarde pas à tomber sur le patrimoine typique de l’activité, de la vie et de l’habitat Caussenard. Les lavognes, jasses, bastides ou cazelles sont quelques éléments de ce patrimoine qu’il peut être intéressant de découvrir sous les étoiles.
Les Caselles
Même si elles portent un nom différent suivant les départements, les « Gariottes », « Bories », « cabanes » ou « Caselles » sont tous les dénominations d’anciens abris de pierres sèches.
Les caselles étaient principalement utilisés par les bergers qui restaient avec leurs troupeaux sur les causses. Certains endroits en recèlent un grand nombre, c’est le cas de la zone au dessus du hameau de Thérondels proche de la commune de Peyre et de Millau sur le Causse Rouge. Un simple passage sur Google Earth permets d’en déceler 4 ou 5 installées en plein champs.
Si on en croit les érudits, ces cabanes de pierres seraient assez récentes – qu’à partir de la deuxième moitié du XVIIIème siècle voire début du XIXème- pas avant le début de la conquête paysanne du sol au moment de l’ancien régime.
Ces photos ont été réalisé lors d’une nuit sans Lune et pourtant, on décèle très facilement sur les images des sources de lumières.
Voilà de beaux exemples de pollution lumineuse due à l’activité humaine et urbaine.
A cet endroit, le Causse Rouge ne bénéficie pas de la même qualité du ciel que l’on peut trouver sur le Causse du Larzac à proximité de Sainte Eulalie ou du Viala de Pas de Jaux. A l’Est, c’est Millau, vers le Nord, c’est Séverac le Château, Laissac et vers le Sud, ce sont les villages de Saint Georges de Luzençon ou de Saint Rome de Tarn qui viennent dégrader la qualité du ciel nocturne.
J’ai positionné la visée de mon APN aux alentours de 40° nord afin d’avoir la Voie Lactée au centre de l’image. On peut voir vers le bas du ciel une étoile brillante, Capella et plus haut vers la droite (proche de 70° nord) la galaxie d’Andromède. La pollution lumineuse de la citée Millavoise développe un très fort halo de couleur orange au pied de la Voie Lactée et fait disparaitre bon nombre d’étoiles qui agrémentent cette partie du ciel .
Ce halo visible à l’œil nu est d’autant plus présent quand on utilise un temps de pose important.
Il m’était impossible de ne pas mettre ici un exemple des effets de la pollution lumineuse.
Voici une photo d’une caselle avant traitement.
Elle a été réalisé avec un temps de pose de 40 secondes à 800 iso.
Je n’ai rein fait sur cette photo, si ce n’est qu’elle est passée du format RAW à JPG et que j’ai diminué ses dimensions.
Comme on peut le constater, un fort point lumineux (Millau) diffuse une couleur orange à la totalité du ciel présent sur l’image.
Il m’a semblé judicieux de vous montrer la même image après traitement juste en dessous, afin d'en établir une comparaison.

La même image après traitement.
Malgré de nombreuses minutes de travail, le résultat n’est pas à la hauteur d’une image réalisée dans de bonnes conditions, sans pollution lumineuse.
Le gros du traitement s’est porté sur la diminution du halo de lumière urbaine en reprenant les courbes des teintes et tons clairs. Malheureusement en diminuant ces zones lumineuses indésirables, on diminue du même coup la luminosité des étoiles. Il faut donc bien doser au traitement le taux d’exposition, les courbes, la quantité de lumière d’appoint et de lumière directe. Une fois convertie de Raw en JPG, on peut rajouter un filtre refroidissant sur les zones trop lumineuses et réchauffant sur d’autres.
L’autre moyen assez impressionnant dans le logiciel « Photoshop » est la baguette magique. Grace à cet outil, on peut sélectionner des pixels de même couleur en laissant de côté le reste. Par exemple, on sélectionne l'intégralité d'une image mais en laissant de côté les étoiles. Une fois cette sélection transformée en calque, on joue sur les courbes afin d’assombrir le fond sans toucher à la clarté des étoiles.
Cette fonction est magique pour un ciel étoilé mais présente l’inconvénient de faire disparaitre les volutes de la Voie Lactée qui n’ont pas le même éclat que les étoiles qui l’entourent.
Une solution très intéressante est de se débarrasser du problème avant même de prendre la photo.
Un bon lance-pierre ? Oui, pourquoi pas… mais avant d’en avoir fini avec tous les lampadaires d'une ville on aurait tôt fait de se retrouver au poste.
La solution plus civique vient de l’ajout d’un filtre au boitier de l’appareil photo.
Un type de filtre se démarque en la matière les CLS ou UHC qui bloquent les longueurs d'ondes issues des lampes au Sodium (NA) et Mercure (HG) des éclairages urbains ainsi que de tous les autres rayonnements de fond de ciel. Certains, comme ceux de la marque Astronomik, viennent se clipper dans le boitier entre le capteur et l’objectif.
Gros problème, ces filtres sont utilisés avec des APN défiltrés. Il est quasi impossible d’utiliser un tel filtre avec un boitier encore « filtré » car on n’arrive pas à une bonne mise au point.
Ayant un boitier canon défiltré équipé d’un filtre Astronomik CLS CCD clip EOS, il aurait été judicieux que je l’utilise dans cette situation si… je l’avais eu avec moi.
Dans tous les cas, la meilleure solution est de photographier un ciel exempt de pollution lumineuse ce qui évite un grand nombre de difficultés.
Malgré tout, c’est 100% du territoire français qui est aujourd’hui impacté, à plus ou moins grande échèle, par ce problème.
Même emplacement, même sujet, mais je trouvais que la photo précédente ne mettait pas assez en valeur la caselle, son architecture et son ouverture.
La Lune n’étant pas encore levée, j’ai demandé aux personnes qui m’avaient accompagné d’éclairer le bâtiment.
Pour ce genre de photo l’éclairage du sujet ne doit pas excéder 8 à 10 secondes des 30 à 40 secondes du temps de pose total. De plus, la majorité des lampes torches et frontales sont équipées aujourd’hui de LEDS. Plus économique, à la durée de vie prolongée, ces ampoules sont pourtant un véritable cauchemar pour un astrophotographe ou de nightscape. Aucun filtre ne peut contrer leur longueur d’onde et leur luminosité bleutée n’est absolument pas naturelle. De nombreuses études dénoncent la nocivité de la lumière dispensée par des LEDS sur nos yeux et sur la faune.
Au premier visionnage, je n’ai absolument pas été satisfait de cette photo et de sa raie de lumière blanche sur le sol. C’est lors de son traitement sur l’ordinateur que je lui ai trouvé une certaine originalité.
Le traitement de cette image est très proche de la précédente, j’ai seulement augmenté le taux du filtre réchauffant de 45% sur la zone mis en lumière, malgré tout cela reste très blanc. Peut être une combinaison de la photo précédente et de celle-ci pourrait devenir intéressant…